*Café des Arts des Sciences et des Techniques*
Organisé par Ars Mathematica ( Christian Lavigne et Simon Diner )
*[ http://web.cast.free.fr ]*
* *
FNAC Digitale
77-81 boulevard Saint Germain
75006 Paris
M° Odéon
Auditorium 1er étage
30 ème séance
*Jeudi 2 Avril 2009*
*18 h - 20 h*
Pascal Ruef et Pierre Emmanuel Fillet
Machines imaginaires, diagrammes et intuitions
Art du contrôle et abstractions.
Depuis Leonardo da Vinci le statut des machines imaginaires pose le
problème de la nature de la créativité. Les artistes qui présentent ici
leurs machines imaginaires issues de la création numérique, réfléchissent
non pas tant sur le caractère de machines de leurs images, que sur les
processus à l'oeuvre dans leur création.
*« L'acte de l'art s'est transformé en l'examen direct de nos processus
perceptuels. »*
Avec cette citation de Robert Irwin* *nous entrons dans le domaine des
sciences cognitives qui analyse les processus perceptuels.
Mais qu'en est-il de l'acte de créer. Créer et contempler sont-ils deux
actes analogues ?
Si l'on se réfère aux travaux de neuroscientifiques comme
Edelman et Walter Freeman, la perception et l'action ne sont pas deux
phénomènes indépendants, l'un d'input, l'autre d'output, mais constitue
plutôt un même processus permettant d'interagir avec le monde, processus
dont la dynamique est régit par les lois d'un certain chaos spatiotemporel
via lequel se révèle la structure d'un néo-mécanisme, siége d'une
auto-organisation.
Ce que propose souvent l'art n'est pas de rencontrer ce qui est
vu, mais l'acte de voir en lui-même, pour ce qu'il est.
Et cet acte de voir, de recevoir est analogue à cet acte de
créer, de donner à voir.
C'est donc bien une création double qui sera l'œuvre de
l'artiste et du spectateur, dans une expérience où l'art se définit comme
énaction, notion due au biologiste et neurologue Francisco Varela.
L'idée de base de la conception enactive est que l'expérience
est une activité de rencontre avec le monde; qu'elle a une dimension
singulièrement corporelle et temporelle, que son caractère est défini par
les lois de la «contingence sensorimotrice». C'est ainsi la nature
expérientielle de l'art qui est mise à contribution dans l'étude de la
conscience perceptuelle en fournissant aux percevants des occasions de
s'appréhender eux-mêmes dans l'acte d'exploration des formes et ainsi de
jouer un rôle dans l'investigation phénoménologique.
On pouvait déjà noter que, dans l'œuvre de Merleau-Ponty,
l'esthétique de l'art avait un sens et un statut particulier à l'intérieur
de la phénoménologie. *Dans « L'œil et l'esprit » et « Le visible et
l'invisible » l'esthétique et la phénoménologie tendent de plus en plus à
coïncider, à s'identifier l'une à l'autre : l'esthétique devient une
ontologie de l'art, et celle-ci devient le mode par excellence de la
phénoménologie. L'esthétique n'est plus un "quartier" de la phénoménologie :
la phénoménologie est devenue "esthétique" quasiment par définition - à tel
point que l'on peut se demander si on ne passe pas d'une "phénoménologie de
l'art" à une "phénoménologie comme art". Ainsi la phénoménologie
merleau-pontienne tout entière s'envelopperait-elle - se développerait-elle
- sur le mode de l'art*.*
Dans « l'Oeil et l'Esprit » Merleau-ponty parlera même de tableaux
autofiguratifs crevant la peau des choses et d'un peintre qui, naissant dans
le milieu des choses, en révèle la morphogenèse.
« *La vision du peintre n'est plus regard sur un dehors, relation
« physique-optique »seulement avec le monde. Le monde n'est plus devant lui
par représentation : c'est plutôt le peintre qui naît dans les choses comme
par concentration et venue à soi du visible, et le tableau finalement ne se
rapporte à quoi que ce soit parmi les choses empirique qu'à condition d'être
d'abord « autofiguratif » ; il n'est spectacle de quelque chose qu'en étant
« spectacle de rien », en crevant la « peau des choses » pour montrer
comment les choses se font choses et le monde monde*. »
Mais dans cette approche de l'art comme phénoménologie de la création et de
la vision, la transparence de l'expérience pose problème à toute tentative
de faire de l'expérience perceptuelle elle-même l'objet de l'investigation
Les philosophes, les psychologues et les chercheurs en sciences cognitives
tentent tous à leur manière d'élaborer une méthode pour résoudre ce
problème, d'où cette question : Peut-il y avoir un art phénoménologique de
l'expérience esthétique, et peut il y avoir tableau de l'appareil cognitif
par et pour lui-même ?
Les images accompagnant ces questionnements ont pour objectif de donner à
voir les plans d'une machine de vision diagrammatique, autotélique et
imaginaire.
Pascal Ruef
Photographe et créateur d'images en tout genres (sérigraphies et images
numériques)
Pierre Emmanuel Fillet :
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