Wednesday, March 4, 2009

[Yasmin_discussions] Fwd: Artists as inventors

Colette Tron provides a discussion on evolution of the relationship of art
and technology, noting that before the 19th century art and technology
were allied disciplines and didnt become clearly differentiated until
then

in the 20th century the introduction of techniques of mass production
into the arts produced a tranformation of public reception of the arts,
with another transformative change with the development of the
cultural industries in the mid 20th century

the role of artists and their relationship to novelty has evolved with
these transformations of the relationship of art and technology

roger

---------- Forwarded message ----------
From: c.tron@voila.fr <c.tron@voila.fr>
>


Artists as inventors - Yasmin discussion March 09
*

Colette Tron
**

Problématiques des arts et des sciences dans la culture industrielle
*

Le thème de l'artiste comme inventeur renvoie à des figures de l'artiste
bien spécifiques, où celui-ci serait proche de l'ingénieurie technique,
celle-ci étant alors le ressort de l'invention, de la procédure matérielle,
qui fera naître l'oeuvre, l'objet d'art.

Au XX° siècle, pour qualifier le travail de l'artiste, son oeuvre, on
emploie plutôt le terme de création, qui lui, renvoie à une production
sensible, spirituelle, imaginaire, et dont l'essence est immatérielle, même
si l'oeuvre se réalise sous forme matérielle. Les matériaux et les
techniques utilisées n'en sont alors considérées que comme le support.

Quelle est la raison de ces différences de conception ?

Si les termes art (ars) et technique (techné) ont eu longtemps la même
définition, ce n'est que depuis le début du XX° siècle qu'on les distingue.

On vient de l'évoquer : la technique caractériserait les procédés logiques
et scientifiques tandis que l'art serait le résultat esthétique d'une
création sensible.

La présence de plus en plus prégnante de la science et de l'ingénieurie dans
les technologies industrielles, l'apparition d'appareils et de méthodes de
reproductibilité technique, touchant aussi les oeuvres de l'art et de
l'esprit depuis l'industrialisation, n'auraient-elles pas contribué à la
séparation des notions d'invention face à la création, de technique face à
l'art, de logique face au sensible ?

L'oeuvre d'art se présenterait alors comme une forme unique et singulière,
et la technique comme les moyens structurels et génériques de fabrication et
de production de l'objet, soit-il un objet d'art.

Mais chaque art et chaque période de l'art sont soutenues par une ou des
techniques, et "les époques machiniques conditionnent des époques du
sensible", nous dit Bernard Stiegler.

D'autre part, la technique elle-même n'informe-t-elle pas l'art, en le
structurant, en étant le soubassement de sa mise en forme, en s'immisçant
dans les formes langagières, et finalement en étant une composante de la
représentation ?

Science, technique, art, seraient alors la trinité de la culture
industrielle.

Il faut alors se pencher sur les interactions qui ont lieu entre ces niveaux
à l'oeuvre.

Pour les observer, dans un prochain article, on évoquera des figures
d'artistes inventeurs, de Léonard de Vinci à John Cage.


*

L'exemple de l'avant-garde au XX° siècle : contexte technologique,
économique, artistique, social
**

Art # Industrie
*

Temporellement, on peut situer la naissance des avant-gardes artistiques et
esthétiques à la généralisation de l'industrialisation.

Les procédés techniques industriels, et les procédés de reproductibilité et
de production massive qui les caractérisent font apparaître ce que l'on
appelle la société industrielle, et recouvrent à partir du début du XX°
siècle l'ensemble des champs de la production.

Même celui de l'art, que Walter Benjamin problématisera, historiquement,
philosophiquement et socialement, dans son texte "L'oeuvre d'art à l'ère de
sa reproductibilité technique".

Un autre terme, inventé par Horkeimer et Adorno, définira ensuite plus
globalement l'industrialisation de la culture, celui d'"industrie
culturelle", ou de "culture industrielle" selon les diverses traductions de
l'allemand et les interprétations conceptuelles.

C'est dans ce contexte que l'art d'avant-garde apparaît.

Et il se constitue non pas seulement comme une révolte contre les canons
esthétiques académiques, mais aussi comme une critique de cette société
industrielle et du système capitaliste qui la soutient, ramenant tous les
biens au statut de produit en série et de marchandise à consommer, y compris
les oeuvres de l'esprit.

La réification y est l'aboutissement de la production. L'originalité se perd
dans la reproduction. La finitude de l'objet est la clôture de son usage
social.

Les artistes réagissent alors à cette injonction fonctionnalisante et
standardisante par des gestes singuliers, atypiques, hors-norme, où
création, expérimentation, nouveauté prennent sens et forme dans des
esthétiques inédites, mais où les possibilités d'existence sociale de leurs
oeuvres et la réception de leur symbolique est de l'ordre de l'infime.
*

Expérimentation et nouveauté
*

"Sans avant-garde, on n'inventerait rien", énonçait John Cage.

Ainsi se développe une dialectique négative entre art d'avant-garde et
société industrielle.

Celui-ci s'en distingue par l'expérimentation et la nouveauté comme enjeux
primordiaux autant que finaux. L'indétermination de la forme ou l'inconnu du
résultat étant un des principes de l'expérimentation et de ses processus, la
fabrication même de l'oeuvre d'art s'inscrit à l'inverse du modèle
industriel, dont l'économie de la production passe par le calcul et la
modélisation de l'objet, et finissent par conséquent par modeler les corps
et les esprits de ses utilisateurs.

Alors que, dit Adorno dans sa "Théorie esthétique", "toute imagination
comporte une marge d'indétermination" qui dépasse les forces productives.

Ce que fait l'art d'avant-garde à la société est une tentative d'échappement
à la règle du calcul et à la garantie d'ordre social et économique. Et il
permet de retrouver l'unicité, l'originalité et la singularité du geste et
de la production, de ses conditions d'échange, de sa charge symbolique, et
par là de préserver un infini de l'expérience sensible, c'est-à-dire une
économie libidinale qui atteigne à la sublimation. Sentiment que le
philosophe Jean-François Lyotard considérait comme ouverture de la
sensation, et nécessaire à la constitution et au renouvellement de la
subjectivité, loin de la "choséité néfaste" qui clôture et conditionne le
sensible.

C'est dans cette recherche d'un geste singulier et inaugural, dans cette
expérimentation éternelle, que se situerait, dans ce contexte, un amalgame
d'invention et de création.
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