Sunday, December 5, 2010

Re: [Yasmin_discussions] Science, Technology, Art, POETRY

Herve-Pierre,

I am very pleased to hear about the interest within the French
scientific community! This is wonderful news to me. I would have
placed the decline of English scientific poetry around 1860 or so, which
places it within the time window you suggest. Perhaps, science-based
poetry and broad-based intellectual interest declined as a result of
specialization--which has, of course, only increased over time as there
becomes more and more data that people try to comprehend the meaning
of. (Would an academic program on how to separate the chaff from the
wheat make sense, so that people could focus better? How would we
separate it?)

It is my belief that scientific thought in poetry is in very serious
decline, and is practically moribund in American literature. Albert
Goldbarth is an exception to that, and does some very interesting work.
Pattiann Rogers does as well, working from microscopic detail of the
landscape up into cosmic visions. Her Selected Poems from Milkweed
Publications is among the best buys you can get for your money anywhere.

A problem we have in the U.S. is that a majority of
institutions--private, public, academic, and commercial--today demand
"efficient accountability" not only of their lower workers but also of
their brightest and most creative. This results in countless detailed
meetings, report writings, attempts by creative people to quantify their
results in terms of dollars rather than knowledge, and other mis-steps.
A certain degree of leisure is required for intellectual growth--leisure
within discipline, yes, but leisure nonetheless.

Jared

On 12/5/2010 12:32 AM, roger malina wrote:
> from Hervé-Pierre Lambert
> Visiting Professor Kyushu University
> Adviser Encuentro Artes y nuevas ciencias, Mexico
> Former Director of La Maison de la Poésie Paris
>
> Concepteur et producteur délégué du spectacle: « Cosmos et poésie,
> Salutation de la Terre à la Comète de Halley », diffusé sur
> France-Culture en mai 1986.
>
>
>
> 1 I would like to inform that an interesting conference took place in
> Montreal this year. The title was : « Scientific poetry, From glory to
> decline »
>
> It argued that scientific poetry peaked at the end of the XVIII th
> century, declined after and desapeared aroud 1900.
>
> You will encounter here a conference abstract.
>
>
>
> 2 Jean-Pierre Luminet (Observatoire De Paris – CNRS), a black holes
> specialist, a science writer is the most known of the french
> contemporary scientific poets .
>
> As a poet he wrote : 1993 : Noir Soleil (ISBN 978-2-86274-275-5) ,
> 1996 : Les poètes et l'Univers (ISBN 978-2-86274-473-5) , 2004 :
> Itinéraire céleste (ISBN 978-2-7491-0263-4)
>
> He attended the Montreal Conference with an article on « Renaissance
> of scientific poetry 1950-2000 ». He stressed the existence of a
> contemporary scientific poetry current in France, with famous names as
> Francis Ponge, Queneau. He stressed the call of Francis Ponge in the
> fifties for a new scientific poetry. Jacques Reda has just a book La
> physique amusante published in 2009 by Gallimard.
>
>
>
> 3 You can find informations about the Montreal Conference and more
> generally on relations between literature and sciences on the site
> http://www.epistemocritique.org/
>
>
>
> . All the conference should be published one day on the site.
>
> If you go there, you can take also a look at three articles of mine on
> relations between literature and sciences : « Littérature, arts
> visuels et neuroesthétique », « Proust et les neurosciences » and «
> Dantec et Narby : Sciences, épistémologie et fiction ».
>
>
>
>
>
> La poésie scientifique, de la gloire au déclin
>
> COLLOQUE
>
> Le 28 août 2010
>
> La poésie scientifique, qui chantait les savoirs et les découvertes,
> connaît un apogée de la fin des Lumières au début du 19e siècle, puis
> s'étiole pour disparaître vers 1900. Ce phénomène, qui a touché
> l'ensemble de la culture occidentale, ne correspond pas seulement à la
> mort d'un genre littéraire majeur et très ancien ; il éclaire la
> manière dont la littérature et les sciences ont reconfiguré leurs
> frontières respectives, en acquérant leur extension moderne. Or les
> modalités de cette disparition restent mal connues : ce colloque
> international réunira pour la première fois une quarantaine de
> spécialistes de la poésie et des sciences, pour tenter de mieux cerner
> les facteurs de cette évolution et sa chronologie, en France et en
> Europe plus particulièrement.
>
> Du 15 septembre 2010 au 17 septembre 2010
>
> Montréal
>
> COLLOQUE INTERNATIONAL
>
> LA POÉSIE SCIENTIFIQUE DE LA GLOIRE AU DECLIN
>
> THE GLORY AND FALL OF SCIENTIFIC POETRY
>
> 1750-2000
>
> Direction scientifique : Hugues Marchal (Université de la Sorbonne
> nouvelle - Paris 3) et Michel Pierssens (Université de Montréal)
>
> Organisation : Mélanie Fournier (Université de Montréal) et Magali
> Riva (Université de Montréal)
>
> RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS
>
> Marc Angenot (Université McGill) « La poésie du socialisme
> scientifique » De 1881 à la Grande Guerre, dans la presse du mouvement
> ouvrier français, dans les centaines de journaux, revues, brochures
> qu'il a diffusées, le socialisme scientifique a été mis en poèmes
> innombrables, stances au prolétaire, odes à la révolution, épopées de
> la grève, tableaux de l'exploitation capitaliste… Toutes les formes
> fixes d'une poésie hantée par le lyrisme hugolesque ont été mises au
> service de la révolution par des versificateurs militants. Dans le
> socialisme scientifique de la deuxième internationale, le vers
> pullule. Il y a au moins une bonne raison pour aller lire un
> échantillonnage de ces milliers de poèmes : nul ne les a jamais
> étudiés, nul ne s'est jamais posé la question de leur raison d'être et
> de leur nature.
>
> Christine Baron (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Poésie
> savante et théorie de l'analogie » La poésie savante est une tradition
> ancienne dans la littérature italienne et lorsque Calvino réécrit à sa
> manière dans les Cosmicomics les chants de la Petite cosmogonie
> portative de Queneau, il prend appui sur des théories de la matière et
> de l'origine du monde rendues explicites par la référence à des
> formules physiques au début de chaque nouvelle. Plus profondément,
> l'idée que la littérature et particulièrement la poésie comporte une
> dimension cognitive est moins liée à ce que Hallyn appelle les «
> structures rhétoriques de la science » qu'à la présupposition d'une
> analogie entre les règles de la nomination et celles qui gouvernent
> l'agrégation des atomes. Cette analogie, qui n'a rien d'une
> ressemblance, suppose, contre toute thèse confusionniste, la
> différence maximale des discours poétique et scientifique, et le
> pouvoir qu'ils ont, de ce fait, de se modéliser réciproquement. Cette
> proposition permettrait ainsi d'échapper aux mauvais procès intentés
> au cours du XXe siècle aux prétentions scientifiques imputées à la
> littérature.
>
> Caroline Bertonèche (Université Stendhal - Grenoble 3) « Bloody Poetry
> : On the Role of Medicine in John Keats's Anatomy of Art »This
> presentation would reflect on the new perceptions of the mind and body
> in Keats's art or the influential role of medical knowledge during his
> time, including the rise of surgery (1800-1830 ; Anatomy act in 1832).
> Keats, the apothecary-surgeon develops an anatomical conception of
> poetry, choosing to dissect his characters while preserving their
> spirits. The poet-healer and dresser is here inspired by a medicine of
> "conservation" : treatments such as incisions, injections, dressings,
> "venesection", and so forth. Hence our poet's bloody narrative, his
> scenes of exhumation, decapitation and aesthetic reconstructions in an
> art of skulls and corpses. Exploring the living world, this
> poet-physician offers his reader a realistic medical vision of
> scientific "disinterestedness". A medical student of the barbaric
> approach to dissection (cf. the "butcher" of Guy's Hospital, 1815),
> the young Romantic poet innovates with a modernisation or
> "medicalisation" of medieval romances as well as with scenes of poetic
> and corporeal resurrections. The crude verses of the poet-anatomist
> are those of a physician who has learnt his lesson well and is now
> hoping to repair the monstrosity or grotesqueness of Romantic bodies.
>
> Jean-Pierre Bobillot (Université Stendhal - Grenoble 3) « René Ghil :
> altruisme& Poésie scientifique » La question de l'altruisme s'était
> posée en des termes nouveaux, avec les mutations sociales et morales
> résultant de l'industrialisation et de l'urbanisation accélérées de
> l'Europe occidentale, et les interrogations philosophiques et
> épistémologiques découlant de la laïcisation de la société et des
> moeurs sous la IIIe République, comme de l'irruption de la théorie de
> la « sélection naturelle » et de la « concurrence vitale » de Darwin,
> aussitôt dévoyée sous l'inquiétante bannière de l'eugénisme (Galton)
> ou au service d'un capitalisme sauvage, rejetant tout secours aux plus
> faibles (Spencer). Ghil tente d'y répondre, sur le plan de la morale
> sociale autant qu'individuelle, à partir de sa propre conception de la
> matière en évolution vers le « Mieux », c'est-à-dire, vers un «
> plus-de-conscience », ce qui le conduit (imprudemment) à rejeter deux
> articles fondamentaux du darwinisme : la part du hasard dans la
> variation, et le rôle crucial de la « lutte pour la survie » comme
> moteur de l'évolution.
>
> David Boucher (Collège de Maisonneuve) « Cent mille milliards de
> poèmes : avatar de la poésiescientifique ? » Cent mille milliards de
> poèmes, le tout premier livre oulipien publié en 1961 par Raymond
> Queneau, est un recueil de poésie qui contraste avec la production
> littéraire de l'époque de par son caractère essentiellement
> mathématique. L'objectif de cette communication sera de voir comment
> Cent mille milliards de poèmes relance la tradition pure de la poésie
> scientifique : alors que cette dernière se voulait didactique et
> prenait la forme de longs traités, Queneau a usé d'une écriture
> surréalisante et illisible à l'échelle humaine. Alors que la poésie
> scientifique tentait « d'expliquer » ou de « raconter » la science,
> Cent mille milliards de poèmes s'inscrit plutôt dans un « faire », car
> il annonce et invente – avant la lettre – les nouvelles configurations
> du texte, autant que certaines nouvelles avenues de la science. Sorte
> de figure prémonitoire d'Internet, cette oeuvre anticipe diverses
> pratiques textuelles liées aux nouvelles technologies – l'hyperlien et
> la navigation libre de l'information – et différents enjeux
> scientifiques actuels, dont la question du virtuel.
>
> Jean-Pascal Boulet (Université de Nancy 2 – Laval) « Une dérive
> pamphlétaire athéiste de la poésie scientifique : le Lucrèce français
> (1798) de Sylvain Maréchal (1750-1803) »
>
> Avec Lucrèce et son « miel », la poésie didactique, porte en elle les
> éléments de constitution d'un outil de propagande. Les vers séduisent
> et aident à l'entendement. Le fameux texte de Sylvain Maréchal, le
> Lucrèce français publié en l'an VI de la République complète Dieu et
> les prêtres, fragments d'un poème philosophique paru en l'an II.
> Cependant dès 1781, l'auteur avait donné quelques fragments sous le
> titre Ad majorem gloriam virtutis, fragmens d'un poëme moral sur Dieu.
> Avec ces constructions athéistes en vers proches des maximes, Sylvain
> Maréchal aurait composé son De rerum natura. Le genre, ou la forme, de
> la poésie scientifique adopte une nouvelle finalité ; il ne s'agit
> plus de convaincre le lecteur par l'explication et/ou la peinture
> poétique, mais de lui imposer des « psaumes » où la vertu est
> l'étendard d'un argumentaire anticlérical athéiste.
>
> Jean-François Chassay (Université du Québec à Montréal) « Un spectre
> menaçant : Los Alamos et la poésie de la bombe nucléaire » Peu de
> sujets auront été aussi prégnants dans l'imaginaire de la deuxième
> moitié du XXe siècle que la bombe nucléaire. Les bombardements à
> Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, auront été le point de
> départ de manifestations qui ont embrassé l'ensemble du discours
> social sous les formes les plus diverses. Cette communication
> s'intéressera à la manière dont la poésie a cherché à traduire les
> craintes et les tensions provoquées par l'arme nucléaire. De poèmes
> sur Robert Oppenheimer et Albert Einstein au rôle joué par la Beat
> Generation (Ginsberg, Corso), en passant par ceux du physicien Ben
> Porter (qui a abandonné la physique à cause de l'explosion de la
> bombe), les exemples sont nombreux et il s'agira de proposer une ou
> deux analyses singulières après avoir présenté brièvement un survol du
> sujet.
>
> Philippe Chométy (Université de Toulouse II-Le Mirail) « La poésie
> scientifique latine tardive » Au XVIIe siècle, il existe en latin une
> avalanche de poèmes didactiques sur les sujets les plus divers. Qu'en
> est-il à la fin de l'âge classique et au tournant des Lumières ? Je
> propose d'étudier la survie de la poésie scientifique en latin, et
> d'évaluer son apport intellectuel et formel à la gloire et au déclin
> du genre. Après la Querelle des Anciens et des Modernes, comment
> justifier l'emploi du vers latin dans la poésie scientifique ? Quel
> est le rôle de l'arrangement des mots en latin dans l'expression des
> idées scientifiques nouvelles ? Cette poésie scientifique
> s'étiole-t-elle au même rythme que le reste de la poésie scientifique
> ? Quelle est la place de la traduction en français ? Il s'agira de
> mener une enquête sur l'existence d'une production transnationale,
> d'en présenter les figures majeures, et de réfléchir sur les outils
> conceptuels nécessaires à l'analyse de ce type de textes.
>
> Jean-François Cottier (Université de Montréal) « Entre poésie et prose
> : les Noces de Philologie et Mercure de Martianus Capella » Somme des
> connaissances littéraires et scientifiques de son temps (Ve siècle
> après J.-C.), le De nuptiis Philologiæ et Mercuri de Martianus Capella
> mêle développements en prose et passages poétiques dans un ouvrage qui
> se présente comme une sorte de récit mythologique au style chamarré.
> En faisant alterner avec virtuosité prose d'art et poésie métrique
> (quinze types de mètres différents) Martianus joue bien sûr avec la
> licence que lui accorde la satire Ménippée. Dans le cadre de ce
> colloque consacré à la poésie scientifique, la lecture de cette oeuvre
> nous permettra de nous interroger sur les choix génériques posés par
> Capella : quels sont les passages où les vers sont préférés à la
> prose, quels mètres sont alors privilégiés, pour quel type d'exposé et
> sur la base de quelle tradition ? La grande influence de ce texte sur
> les auteurs du Moyen Âge nous permettra, en conclusion, de lancer
> quelques pistes de réflexion sur laquestion du choix de la poésie dans
> la production scientifique médiévale.
>
> Laurence Dahan-Gaida (Université de Franche-Comté) « Le ''corps'' des
> sciences et le ''cerveau'' de la poésie : quelques réflexions sur
> Botho Strauss et Durs Grünbein » Durs Grünbein et Botho Strauss
> incarnent deux figures modernes du poeta doctus, qui cherche à fondre
> ensemble tradition poétique et actualité scientifique. Si Strauss est
> fasciné par les neurosciences et le fonctionnement du cerveau, Durs
> Grünbein se présente comme un poète du corps, passionné par la
> physiologie : quel chemin conduit des nageoires des poissons à la
> comédie humaine, de la prose rythmée à l'évagination du cerveau dans
> le nerf facial ? Ces étranges questions, qui hantent son écriture, ne
> visent pas à ramener l'âme au corps et le corps à la physiologie, bien
> au contraire ! Car Galilée, comme il nous le rappelle, arpente l'enfer
> de Dante et n'en retient que les dimensions. Les deux auteurs
> affirment la primauté créatrice de la poésie, dont la vocation n'est
> pas de transmettre le savoir mais de le transformer en poesia seriosa.
>
> Caroline De Mulder (Université de Namur) « La poésie scientifique et
> ses combats au XIXe siècle » La poésie scientifique au XIXe siècle est
> très idéologique et les idéologies (républicanisme, socialisme,
> athéisme…) qu'elle véhicule transparaissent tant dans les poèmes
> eux-mêmes que dans les préfaces des recueils. Ainsi, à côté d'attaques
> directes contre la religion, on note qu'à mesure que le siècle avance,
> les poètes illustrent volontiers des sciences et des théories
> scientifiques condamnées par l'Église, généralement considérée comme
> ennemie des sciences : notamment le darwinisme et les théories
> relatives au début et à la fin du monde. Cependant beaucoup de ces
> poètes justifient leur poésie par d'habiles préfaces, qui peuvent le
> cas échéant affirmer le caractère religieux de l'oeuvre. L'ambiguïté
> des recueils et des péritextes mérite un examen approfondi : quels
> sont les moyens rhétoriques/textuels par lesquels le poète exprime ses
> idées et comment évoluent-ils ?
>
> Jean Dhombres (Centre Koyré) « Les Éclipses de Boscovich : poème et
> jalon de l'histoire des sciences »Jésuite, astronome, philosophe et
> mathématicien originaire de Raguse, Roger Boscovich (1711-1787)
> apporta d'importantes contributions à l'astronomie notamment par la
> mesure du méridien, à l'étude de la structure de la matière en
> inventant une loi complexe d'attraction et de répulsion des corps, et
> au concept d'infini qu'il liait à la continuité. L'histoire des
> sciences l'a retenu comme l'un des jalons rattachant la physique
> newtonienne aux travaux de Faraday et Kelvin. Ce cosmopolite, membre
> de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, de la Royal Society
> et enfin Directeur d'optique de la Marine à Paris, employa le latin
> dans toute son oeuvre scientifique, et signa également un long poème
> sur les éclipses, le De Solis ac lunae defectibus, publié à Londres en
> 1760, et traduit en français en 1779, avec une dédicace au Roi de
> France et une approbation enthousiaste par Lalande. C'est sur ce très
> beau texte que portera l'intervention. Quelles ressources la poésie
> offre-t-elle à un savant de la République des Lettres, aussi
> surprenant qu'un jésuite partisan du mécanisme ? À quelles stratégies
> de communication et de promotion l'usage du poème a-t-il pu répondre ?
> Dans quelle sensibilité savante s'inscrit l'expression de ce lyrisme,
> et quels pourraient être les successeurs ?
>
> Alessandro De Francesco (ENS Lyon) « Éviter l'obstacle cognitif :
> changements de paradigme et écriture augmentée » Dans cette
> communication je souhaiterais partager certains enjeux théoriques qui
> sous-tendent mon expérience de création, à partir de l'hypothèse que
> la poésie pourrait être conçue comme une modalité de changement
> continu de paradigme épistémologique afin de faire comme si c'était
> possible d'éviter ce que j'appellerai « obstacle cognitif », à savoir
> le contexte de connaissance imposé par les caractéristiques
> perceptives du corps et du cerveau humains. Il sera question, au
> départ, de réalités virtuelles et d'imaginaire biotechnologique à
> travers l'installation sonore o.m. (2005) et le livre Lo spostamento
> degli oggetti (2008). Par la suite, j'esquisserai les procédures non
> linéaires de réécriture poétique d'articles de biologie marine sur les
> créatures des abysses qui ont produit l'e-book trilingue dès 1000m
> (2009). Mais la plupart de ma communication sera consacrée à la notion
> d'« écriture augmentée », que j'ai développée grâce à plusieurs
> expériences d'élaboration numérique de la voix et du texte.
>
> Cosmin Dina (Université de Montréal) « Astronomie et poésie didactique
> en France. Enquête sur la disparition du genre » Au XIXe siècle, en
> France, la poésie didactique descriptive se charge d'exposer et de
> diffuser les nouvelles connaissances astronomiques. Les auteurs de
> cette poésie croient que l'ancienne rhétorique et les fictions
> mythiques puissent encore servir à l'enseignement de la science
> céleste. Dans les faits, les vers ne suffisent pas. Puisqu'une des
> visées des didactiques est de rendre compte de l'exactitude des
> connaissances scientifiques, les poètes accordent une place
> considérable à un complexe appareil d'annotation (statistiques et
> tableaux, citations d'ouvrages savants et explications en prose
> proposées par le poète lui-même). L'Astronomie (1830) de Pierre Daru
> est un exemple intéressant de cette manière novatrice de vulgariser
> l'astronomie. L'ouvrage occupe une position médiane entre l'usage du
> vers et des procédés de style surannés et l'usage prédominant de la
> prose et des illustrations dans les revues d'astronomie de la deuxième
> moitié du siècle.
>
> Bénédicte Élie (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Découvertes
> scientifiques et renouvellement poétique ou l'épopée ressuscitée par
> la science » La poésie ne sera plus épique ; l'homme a trop vécu, trop
> réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs récits de
> l'épopée, et l'expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le
> poème épique enchantait sa crédulité. Condamnant l'épopée pour son
> inadéquation au monde moderne, Lamartine annonce toutefois son
> renouveau quelques lignes plus loin, « La poésie sera de la raison
> chantée, voilà sa destinée pour longtemps ». Ainsi la science, loin «
> d'être mortelle à la poésie » apparaît comme un des facteurs de son
> renouveau. « L'homme ne chantera plus avec l'imagination seulement,
> mais avec la science, le poème de la nature. » Les poètes entendent
> faire entrer la révolution contemporaine de l'histoire naturelle dans
> le domaine de la poésie, ressuscitant ainsi le genre moribond de
> l'épopée.
>
> Laurent Folliot (École normale supérieure) « "We must bewilder
> ourselves, whenever we would pierce into the Adyta of Causation" : Les
> ressorts du monde dans la poésie de jeunesse de Coleridge » Si
> Coleridge n'écrivit pas de poésie scientifique à proprement parler,
> les ébauches épiques de sa jeunesse (Religious Musings et The Destiny
> of Nations) s'efforcent de rénover la vieille « machinerie allégorique
> » en s'appuyant sur la philosophie et la science de son temps
> (Hartley, Priestley, Darwin). La poésie coleridgienne gravite alors
> vers l'intuition de « myriades » de « monades » faisant oeuvre
> providentielle au sein de l'univers. Mais Coleridge s'éloigne
> rapidement de ce déterminisme optimiste, par une critique du
> matérialisme qui est aussi une critique de l'idolâtrie des causes
> secondaires, et donc de la tendance allégorique à vouloir figurer la
> causalité elle-même : rejet de la machine allégorique qui apparaît
> ainsi comme un moment significatif du « divorce » entre science et
> poésie.
>
> Mélanie Fournier (Université de Montréal) « Une vérité poétique sous
> observation : les Histoires naturelles du Nouveau Monde de Pierre
> Morency » Cette communication s'interroge sur la capacité qu'à la
> prose à rendre compte du réel et à élaborer une connaissance, au même
> titre que la science, par la forme équivalente d'une reformulation de
> l'expérience empirique. En effet, si le langage technique,
> mathématique et le raisonnement expérimental se rapprochent davantage
> de la notion de vérité admise dans le parler scientifique, il apparaît
> que chez Morency, la dimension ontologique du rapport à la nature
> supporte aussi une connaissance du monde. Les Histoires naturelles du
> Nouveau Monde, sont en constante relation dialectique entre les
> savoirs livresques et l'expérience perceptive du signe. Les textes
> seront donc envisagés en rapport avec la tradition des histoires
> naturelles et d'autres importants naturalistes du XVIIIe et XIXe
> siècle, notamment Buffon, Linné et Jules Renard. Nous verrons comment
> le rapport au monde s'est modifié. Puis, de quelle façon Pierre
> Morency revendique une mémoire, fondée sur les savoirs antérieurs et
> les pratiques d'écriture des naturalistes nommés, tout en ajoutant à
> ces connaissances livresques la subjectivité de l'expérience
> anecdotique et de l'observation.
>
> Andreas Gipper (Université de Mayence) « Les odes de Giuseppe Parini
> et la poésie scientifique au siècle des lumières en Italie »
>
> Giuseppe Parini, l'auteur du poème épique Il Giorno et figure de proue
> des lumières italiennes est également l'auteur d'un certain nombre
> d'odes qui s'inspirent du discours scientifique contemporain. Dans ses
> textes sur La salubrità dell'aria (1759/60) et Sull'innesto del vaiolo
> (1765) il réussit à créer un langage poétique original unissant
> l'élévation de l'ode à la sobriété de la vulgarisation scientifique.
> C'est ainsi que les odes de Parini s'insèrent dans un large débat sur
> l'amélioration de la condition de vie des couches populaires dans
> l'Italie septentrionale et sur l'Inoculation, débat soutenu en même
> temps par le cercle autour de Pietro Verri et il journal milanais du
> Caffè. La présente contribution s'efforcera d'esquisser la formation
> de cette nouvelle littérature en tenant compte également des
> productions moins connues mais tout aussi significatives d'auteurs
> comme Carlo Innocenzo Frugoni et Carlo Castone Della Torre di
> Rezzonico.
>
> Laurence Guellec (Université Paris Descartes-IUF) « Poésie
> scientifique, rhétorique épistémique et argumentation publicitaire
> (XIXe-XXe siècles) » A propos des expériences radiophoniques de Robert
> Desnos, un contemporain écrivait : « Robert Desnos n'était rien moins
> que technicien, mais il possédait à un degré étonnant cette
> merveilleuse faculté commune à tant de vrais poètes de pouvoir adhérer
> sans effort et comme en se jouant aux disciplines scientifiques les
> plus hautes et d'en pressentir d'instinct tous les 'possibles'. ». Il
> donnait entre autres exemples de ce « génie » qui sait « infléchir la
> technique dans le sens de la poésie » les émissions de Desnos pour la
> radio, et ses slogans publicitaires. Dans le cadre d'une recherche sur
> les relations ici concertées, ailleurs concurrentielles,
> conflictuelles ou simplement ludiques entre littérature et publicité –
> qui devient progressivement, au XIXe siècle, une des productions
> majeures de la communication sociale –, on étudiera à partir d'un
> corpus de poèmes « annonces » et de prospectus « poétiques »
> (médecine, pharmacie, cosmétique, grands magasins, inventions-produits
> de la modernité industrielle) les modes d'interaction entre langage
> savant, langage technique, langage poétique et langages du commerce.
>
> Waka Ishikura (Université de Hyogo) « The Romantic Vision of the Unity
> of Science and Poetry and the Institutionalization of Science in
> England » This paper explores the Romantic vision of the unity of
> science and poetry, and examines the repressive influence of the
> institutionalization of science in England on the development of that
> vision among Romantic authors. There are many references to the mutual
> relationship between science and poetry in the literary criticism of
> Wordsworth and Coleridge. After the period during which scientific
> studies came to be institutionalized around the 1810s, however, the
> ideal vision of associating science with poetry had blurred. The
> social power of scientific institutionalization thus began exerting a
> stifling influence on the Romantic development of ideas of the unity
> of all human feelings and thoughts. My interests cover the case of
> Keats, who completed his medical training under the 1815 Apothecaries
> Act, and also that of Sir William Rowan Hamilton, an Irish
> mathematician and a manifest proponent of correlating the scientific
> and the poetic.
>
> Adeline Johns-Putra (Université d'Exeter) « Blending Science with
> Literature » : Eleanor Anne Porden, the Royal Institution, and the
> Fate of Scientific Romance » My paper deals with Eleanor Anne Porden
> (1795-1825) and her poem, The Veils (1815), a mix of Spenserian
> romance and scientific detail. The paper explores how Porden's
> precocious attendance at lectures at the Royal Institution inspired
> her poem, looking particularly at the Institution's mission to make
> science accessible to a wider public and at the dramatic and
> imaginative appeal of its lectures. I focus, specifically, on the
> Institution's gender dynamics : the inclusion of women in its
> audiences and the controversy that this generated. Finally, I examine
> the poem's contemporary reviews, which rejected the idea of scientific
> romance and expressed unease over the Institution's populist and
> feminine appeal. I hope to place Porden in a wider historical and
> international context than that in which she has conventionally been
> read, positing her poem and its reception as a revealing moment in the
> evolution of scientific poetry.
>
> Paul Harris (Loyola Marymount University) « Cosmic Epics : From
> Science to Poetry » This presentation defines an emerging genre, the
> cosmic epic, which compresses the history of the universe and life on
> earth into one text. The genre as practiced now has become
> increasingly popular as a form of science writing for general
> audiences, but poets also are taking up the challenge of depicting the
> creation and development of the cosmos. A survey of these writings
> will be given, followed by analysis of poetic examples, with a focus
> on the work of Ronald Johnson.
>
> Sophie Laniel (Université de Lille 3) « Le rôle de la poésie
> scientifique d'Erasmus Darwin dans le renouvellement des genres
> poétiques à l'époque romantique » Dans Le Jardin botanique et Le
> Temple de la Nature d'Erasmus Darwin (1731-1802), la langue poétique
> participe pleinement de l'ambition herméneutique et heuristique de la
> pensée scientifique. On étudiera l'empreinte décisive de ses traités
> scientifiques en vers sur les genres poétiques qui viennent les
> supplanter, et notamment son impact sur le traitement de l'épopée et
> de la pastorale, qui connaissent une renaissance à l'époque
> romantique. Le Livre de Thel de William Blake (1790), « La Sensitive »
> (1819) de Percy B. Shelley et « Ode à Psyché » (1819) de John Keats,
> développent une pastorale cruelle, où l'Arcadie se transforme en un
> Jardin des Délices. Elle se mêle à l'épithalame et à l'épopée pour
> révéler un monde naturel fondé sur la reproduction, la survie et les
> guerres constantes entre espèces. Dans ces oeuvres demeure la
> conviction initiée par Erasmus Darwin selon laquelle la poésie est le
> lieu de l'émergence d'une connaissance indissociable de ses modes de
> transmission textuelle.
>
> Karim Larose (Université de Montréal) « La poésie et le mouvant :
> Bergson dans l'oeuvre de Gilles Hénault » S'appuyant sur une lecture
> de « L'Invention de la roue » (1939-1940), premier poème long de
> Gilles Hénault (1920-1996), cette communication portera sur les
> conditions de l'inscription du référent scientifique dans l'oeuvre de
> cet important poète québécois. On s'intéressera plus spécifiquement à
> l'influence qu'a pu avoir la philosophie d'Henri Bergson — elle-même
> en dialogue constant avec la science de son époque — sur l'évolution
> de la pensée d'Hénault à un moment crucial de son développement, soit
> entre les années 1940 et les années 1960. S'il y a bel et bien eu un
> âge d'or de la poésie didactique au Canada français, le sous-genre de
> la poésie scientifique n'a pas, quant à lui, laissé de traces
> significatives, à quelques exceptions près. La critique que fait
> Bergson du positivisme scientifique, connue des premiers poètes qui au
> Québec attribueront à la modernité une valeur esthétique spécifique,
> n'y est sans doute pas étrangère.
>
> Pierre Laszlo (École Polytechnique – Université de Liège) « Le chant
> du styrène » Ce texte en alexandrins, de Raymond Queneau, accompagne
> les images dans un film d'Alain Resnais commandé par Péchiney. Cette
> résurgence, ironique et amusée, du poème scientifique, sera replacée
> dans son contexte, celui de la Guerre d'Algérie, du Manifeste des 121
> (1960), et des intellectuels parisiens de gauche ; ainsi que dans
> l'évolution personnelle de Raymond Queneau, qui, à partir de 1954,
> dirigea l'Encyclopédie de la Pléiade. Comme la "Lettre de Sibérie" de
> Chris Marker, ce poème date de 1957. Je procéderai à une analyse
> comparative de ces deux commentaires et de la voix qu'ils donnent à
> entendre. Ils sont contemporains des Mythologies de Roland Barthes
> (1952-6), des sketches radiophoniques de Roland Dubillard et Philippe
> de Chérisey (1953), ou encore de leurs contemporains Pierre Dac et
> Francis Blanche. Ma présentation commentera ces versions d'une même
> attention aux choses, poétique et non dénuée de loufoque, dans la
> veine du Parti-Pris de Francis Ponge.
>
> Julia List (Université de Melbourne) « Women's Writing and the
> Nineteenth-Century Afterlife of the English Didactic Poem » There is a
> consensus among scholars of the didactic poem in English that the
> genre died as a cultural force sometime in the late 1700s. A closer
> examination of verse published in this period, however, reveals that
> didactic poetry persisted as a popular genre into the early decades of
> the nineteenth century, particularly on topics related to natural
> history such as botany. This paper argues that the presence of a rich
> tradition of women's scientific writing in verse in the early decades
> of the nineteenth century suggests that didactic poetry remained a
> vital form for much longer than has been previously thought, and that
> the genre suffered a slow decline and transformation into other
> related forms. The strong presence of female writers within this
> tradition also suggests that women were negotiating the increasing
> restrictions institutionalisation of science placed on their
> participation in a wide variety of ways, that included drawing on
> traditional religious and moral sources of authority as a way of
> maintaining their stature as educators.
>
> Muriel Louâpre (Université Paris Descartes - Paris 5) « Le rapport
> d'autopsie : tableau statistique de la poésie scientifique en France
> (1792-1939) » Écrire de la poésie scientifique en 1830 ou 1917, c'est
> inscrire un projet individuel (artistique ou social) dans une
> configuration culturelle dont les caractéristiques, les formes et les
> enjeux évoluent au cours du siècle. Au-delà d'une lecture spécifique
> des oeuvres, respectueuse de leurs ambitions et de leurs qualités
> respectives, une lecture macroscopique est possible, visant à dégager
> des configurations typiques, et leur évolution d'un point de vue
> diachronique. On s'inspirera ici de l'usage fait par Franco Moretti
> des logiciels de visualisation utilisés dans d'autres sciences
> humaines. D'une carte des lieux de publication peuvent ainsi surgir,
> dans un second temps, des observations nouvelles, et autant de
> questions affinant notre compréhension. Au-delà des trajectoires
> individuelles, c'est aussi l'abandon de ce type de pratiques que
> permettra de dessiner la mise en figure de la base de données
> constituée par l'équipe Euterpe tout en fournissant des éléments
> susceptibles d'être intégrés à une histoire plus large, et riche
> d'enjeux actuels, celle de la vulgarisation scientifique.
>
> Jean-Pierre Luminet (Observatoire De Paris – CNRS) « Renaissance de la
> poésie scientifique, 1950-2010 » En 1950, Francis Ponge publie Texte
> sur l'électricité, véritable Manifeste en faveur d'une renaissance de
> la poésie scientifique. Pour lui, de nouvelles déesses nommées
> Année-Lumière, Onde ou Énergie sont nées de l'ingéniosité humaine ;
> génératrices de vertige, elles indiquent au poète de nouveaux champs
> d'exploration. Nombre de poètes ont répondu, chacun à leur façon, à
> l'injonction de Ponge : Queneau avec sa Petite Cosmogonie Portative,
> Dobzynski avec son Opéra de l'Espace, Réda avec sa Physique amusante,
> et bien d'autres de moindre renom. En effet, si l'attraction
> universelle ou la nébuleuse primitive ont jadis inspiré les « poètes
> scientifiques », aujourd'hui ce sont le big bang, les trous noirs, la
> conquête spatiale ou la théorie des cordes qui ouvrent de nouveaux
> champs poétiques. Le poète vit à l'écoute de son temps. A l'instar du
> scientifique, il est l'inventeur incessant d'un nouveau dire,
> cherchant de nouvelles figures, non pas écrites dans la formulation
> abstraite des mathématiques, mais dans celles des mots. Le poète est
> un « risqueur du dire ». Il ne peut donc être indifférent aux
> risqueurs de la connaissance que sont les chercheurs.
>
> Hugues Marchal (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Anthologies
> invisibles : la poésie en revue dans Nature, Science et La Nature
> (1870-1900) » La disparition du poème scientifique semble largement
> consommée à la fin du 19e siècle. Pourtant, l'examen des périodiques
> qui se développent avec succès pour diffuser les découvertes savantes,
> en Angleterre (Nature), en France (La Nature) et aux Etats-Unis
> (Science), montre que l'intrication entre poésie et science y reste
> importante. Des vers, contemporains ou anciens, sont fréquemment cités
> et commentés. Leur statut est divers : ils ornent les discours, sont
> exploités comme des sources pour l'histoire des sciences, suscitent
> éloge ou dérision. Quelles informations ce corpus peut-il offrir sur
> les usages et les représentations de la poésie qui apparaissent dans
> le discours savant ? Et quelles différences montre-t-il entre les
> lignes éditoriales de ces publications, et entre les attentes
> supposées des publics nationaux ?
>
> Michel Pierssens (Université de Montréal) « La prose des savoirs et le
> Poème du monde » L'ivresse du savoir sur le monde a longtemps exigé le
> chant et la mesure du vers pour mettre en discours une vision qui
> voulait ennoblir le prosaïsme spontané de la connaissance
> scientifique. La tentation existe pourtant aussi d'un lyrisme en prose
> qui saurait éviter le placage de formules sentant la métromanie et
> pourrait élever la célébration discursive de la connaissance à la
> hauteur du poème en inventant un dire unissant les incompossibles.
> Peut-être est-ce même ce qui caractérise au fond la modernité poétique
> marquée par la leçon de Mallarmé. C'est ce que nous tenterons de
> vérifier par la lecture de quelques oeuvres de poètes du XXe siècle.
>
> Pierre Popovic (Université de Montréal) « Les vélocipoètes (1860-1900)
> » Toute apparition d'une nouveauté technique suscite d'étonnants
> bouillonnements d'idées et de représentations dans l'imaginaire social
> d'une société donnée. Des récits, des prouesses poétiques, des rituels
> publics, des traités raisonnants, des images surgissent dans l'espace
> public, recyclant ou bousculant d'anciens dispositifs langagiers pour
> les plier à l'événement du jour. L'arrivée de la bicyclette dans la
> société française de la seconde moitié du XIXe siècle a constitué l'un
> de ces catalyseurs d'imaginaire. La communication portera sur des
> poèmes écrits entre 1860 et 1900, signés par Aristide Bruant,
> Banville, Gagne, Mallarmé, Davin de Champclos, Pierre Louÿs, etc. On
> mettra en évidence la façon dont l'écriture poétique donne sens à la
> nouveauté technique, usant d'une « théorie du vélocipède » qui
> conjoint mathématiques et physique mécanique, pour la corréler à des
> méditations métaphysiques, à l'humour mondain, à maints rêves d'envol,
> aux jeux érotiques.
>
> Virginie Pouzet-Duzer (Pomona College) « Les équations poétisées du
> surréalisme » Étant donné que les surréalistes ont souhaité parvenir à
> révéler poétiquement l'échec de la raison, ne leur fallait-il pas
> occulter la logique scientifique ? Paradoxalement, certains
> détournements mis en oeuvre par des poètes tels qu'André Breton,
> Benjamin Péret, Robert Desnos ou René Crevel, montrent que ces
> derniers préférèrent la science à l'analogie. Ainsi les équations
> peuvent-elles faire office de vers, conférant aux mathématiques une
> dimension poétique ?
>
> Magali Riva (Université de Montréal) « Ponge ou la science poétique »
> Le 20e siècle a donné à voir un certain bouleversement dans les
> rapports qu'entretiennent la science et la poésie : si, jusque-là, les
> poètes écrivaient surtout à propos de la science, certains d'entre eux
> écrivent dorénavant à partir d'elle, empruntant ses méthodes, ses
> approches. La figure de Francis Ponge est assurément emblématique de
> ce tournant pris par la poésie scientifique : en s'appropriant les
> méthodes de recherche scientifique et en concevant une littérature
> "objective", Ponge interroge les rapports entre les deux domaines, et
> tente d'instaurer une nouvelle forme de poésie, qui serait plus
> logique qu'esthétique. Mais c'est surtout par sa réflexion sur le
> langage que Ponge s'institue comme légataire de la poésie
> scientifique. C'est en prenant pour objet la matière même de la poésie
> - le langage - que Ponge démontre que la poésie constitue un mode
> d'accès autonome au savoir. Et peut-être assure-t-il ainsi à la fois
> la survivance et le renouvellement de la poésie scientifique.
>
> Gisèle Séginger (Université de Paris-Est) « Louis Bouilhet et
> Flaubert. L'invention d'une nouvelle poésie scientifique. » Ami de
> Flaubert, Louis Bouilhet partageait quelques-unes de ses idées
> esthétiques en particulier sa conception de l'art pour l'art, de
> l'impersonnalité de l'écrivain. Pour les deux écrivains, la science
> est un modèle esthétique à opposer au romantisme et à l'implication
> des sentiments dans la poésie. Mais le retrait du moi personnel de
> l'écrivain n'est pas incompatible avec la vision poétique, avec
> l'émotion et une nouvelle forme de lyrisme. Des savoirs scientifiques,
> les deux écrivains font surgir le spectacle poétique d'un monde qui
> met en échec la volonté de savoir. Des Fossiles de Louis Bouilhet à
> Bouvard et Pécuchet, il s'agira d'étudier les modalités d'une
> réécriture des sciences naturelles dans la poésie et dans le roman. La
> science fournit des images, un pittoresque, la scénographie d'un
> spectacle onirique du monde qui tient du merveilleux et de la féerie
> théâtrale. C'est peut-être un souffle romantique qui se réintroduit
> finalement dans l'oeuvre des deux écrivains grâce aux sciences
> naturelles.
>
> Catriona Seth (Université de Nancy 2) « C'est la faute à Roucher… »
> Les Mois comme chronique de l'échec annoncé de la poésie scientifique
> » Très attendue, la parution à Paris, en 1779, des Mois de l'écrivain
> montpelliérain Jean-Antoine Roucher a été accueillie par des réactions
> déçues du public et, surtout, une critique sévère de certains hommes
> de lettres comme La Harpe. La communication voudrait examiner cette
> oeuvre essentielle qui vise à faire le lien entre poésie et sciences,
> entre vers et prose. Il s'agit d'évoquer les raisons pour lesquelles
> on peut y voir une étape essentielle dans la remise en question des
> possibilités pour la poésie de prendre à bras le corps les évolutions
> et enjeux des sciences.
>
> Christophe Schinckus (Université du Québec à Montréal) « La poésie
> d'Isidore Isou et la pensée scientifique. Vers une rationalisation de
> la poésie » Cette communication analyse la manière dont Isidore Isou a
> construit sa poésie lettriste en s'inspirant de la pensée
> scientifique. Dans ses travaux, Isou mobilise en effet de nombreuses
> catégories qui renvoient à celles souvent utilisées dans les sciences.
> Le poète y souligne ainsi explicitement son souhait de construire une
> « nouvelle géométrie » de la poésie, plus rationnelle et objective,
> qui incarnerait une sorte de continuité « logique » de la poésie. Je
> propose, d'une part, de souligner l'influence des grandes notions
> traditionnelles en sciences (objectivité, rationalité, évolution) et,
> d'autre part, de rapprocher la poésie lettriste de la géométrie
> non-euclidienne, c'est-à-dire d'y voir un système langagier non
> familier mais néanmoins très logique.
>
> Richard Somerset (Université de Nancy 2) « Henry Knipe and the
> Evolutionary Epic » Henry Knipe is a relatively obscure populariser of
> evolutionary theory, and one of the few British authors, after Erasmus
> Darwin, to have attempted to produce an 'evolutionary epic'in verse.
> His Nebula to Man (1905) is a verse epic of over 200 pages that 'tells
> the story of Life'over the ages. It is a large and beautiful book. A
> few years subsequently, Knipe produced a similar work, but this time
> in prose : Evolution in the Past (1912). This new account followed a
> similar structure to the first, and some of the same illustrators
> contributed engravings to it. So Knipe told 'the same story'in two
> different forms, and this was no doubt an authorial strategy intended
> to make the scientific material available to as wide an audience as
> possible. Both of Knipe's books were failures as publications, and
> neither made it to a second edition. Knipe had perhaps simply failed
> to move with the times. The result of this strategy was to deprive one
> product of scientific credibility and the other of poetic vision or
> narrative coherence. In a period when popular natural history was
> exploring the aesthetics of naturalism, Knipe's separation of the
> sublime from the empirical turned out to be something of a marketing
> error.
>
> Joanna Stalnaker (Columbia University) « Le troisième âge de la
> description : Buffon et Delille avant le déclin »Dans son discours de
> réception à l'Académie française en 1818, le savant Georges Cuvier
> esquisse une histoire de l'alliance intime et d'après lui promise à un
> long avenir entre la science et les lettres. Son histoire comporte
> trois âges, dont le dernier, qui n'est pas encore celui de la
> vieillesse, appartient exclusivement aux modernes. Ce troisième âge
> est celui de la description, et il a été ouvert d'après Cuvier par son
> illustre prédécesseur en histoire naturelle, Georges Louis Leclerc de
> Buffon, et par le poète qu'il avait assisté pour la notation
> scientifique des Trois règnes de la nature, Jacques Delille. Dans
> cette communication, je m'intéresserais au statut problématique de ce
> troisième âge de la description, tel qu'il apparaît à la fois dans le
> discours de Cuvier et dans les rapports entre la description
> scientifique et poétique à l'époque de Buffon et de Delille. Tout en
> promouvant une alliance étroite entre la science et la littérature, le
> discours de Cuvier témoigne d'une scission au sein du concept même de
> la description. Cette scission, qui est également perceptible dans les
> oeuvres de Buffon et de Delille, constitue un épisode essentiel dans
> l'histoire des rapports entre la science et la poésie, et devra nous
> permettre de mieux comprendre la gloire éphémère du genre descriptif.
>
> Nicolas Wanlin (Université d'Artois) « Pour une sociologie des poètes
> scientifiques, de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle » Une étude
> de la condition sociale des poètes scientifiques nous renseigne sur la
> stratégie sociale que représente cette pratique poétique en crise : la
> recherche d'un équilibre entre marginalisation et distinction dont la
> complexité est encore accrue par le fait que le poète scientifique
> occupe une position dans trois champs simultanément (littéraire,
> pédagogique et scientifique) dont les valeurs et les histoires
> diffèrent. Ces auteurs gèrent une image sociale de transition entre le
> modèle aristocratique du précepteur et celui, démocratique, du
> vulgarisateur. Il s'agit aussi pour eux de définir un public de
> prendre des positions idéologiques et de répondre à une demande
> sociale en se faisant une place entre la famille et les institutions
> publiques.
>
> Alexandre Wenger (Université de Genève) « Poésie et médecine au 19e
> siècle. Les traductions françaises de Syphilis (1530) de Fracastor »
> On peut parler de tradition médico-poétique au sujet de la syphilis
> tant cette maladie, dès son apparition en Europe à la fin du XVe
> siècle, a suscité de poèmes par lesquels médecins ou littérateurs
> tentaient d'expliquer son étiologie. Le plus célèbre d'entre eux est
> Syphilis, sive morbus gallicus (1530) du médecin véronais Jérôme
> Fracastor. Or, au XIXe siècle, des médecins traduisent et annotent
> encore régulièrement ce texte. Ils font ainsi oeuvre à la fois de
> critique littéraire et de vénérologiste, et revendiquent une
> solidarité formelle entre la poésie et la connaissance scientifique
> apparemment en porte-à-faux avec la doctrine des deux cultures (Ch. P.
> Snow). Les fonctions assignées à ces traductions annotées ainsi que
> les raisons de leur permanence au siècle du positivisme scientifique
> demandent à être clarifiées.
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