Visiting Professor Kyushu University
Adviser Encuentro Artes y nuevas ciencias, Mexico
Former Director of La Maison de la Poésie Paris
Concepteur et producteur délégué du spectacle: « Cosmos et poésie,
Salutation de la Terre à la Comète de Halley », diffusé sur
France-Culture en mai 1986.
1 I would like to inform that an interesting conference took place in
Montreal this year. The title was : « Scientific poetry, From glory to
decline »
It argued that scientific poetry peaked at the end of the XVIII th
century, declined after and desapeared aroud 1900.
You will encounter here a conference abstract.
2 Jean-Pierre Luminet (Observatoire De Paris – CNRS), a black holes
specialist, a science writer is the most known of the french
contemporary scientific poets .
As a poet he wrote : 1993 : Noir Soleil (ISBN 978-2-86274-275-5) ,
1996 : Les poètes et l'Univers (ISBN 978-2-86274-473-5) , 2004 :
Itinéraire céleste (ISBN 978-2-7491-0263-4)
He attended the Montreal Conference with an article on « Renaissance
of scientific poetry 1950-2000 ». He stressed the existence of a
contemporary scientific poetry current in France, with famous names as
Francis Ponge, Queneau. He stressed the call of Francis Ponge in the
fifties for a new scientific poetry. Jacques Reda has just a book La
physique amusante published in 2009 by Gallimard.
3 You can find informations about the Montreal Conference and more
generally on relations between literature and sciences on the site
http://www.epistemocritique.org/
. All the conference should be published one day on the site.
If you go there, you can take also a look at three articles of mine on
relations between literature and sciences : « Littérature, arts
visuels et neuroesthétique », « Proust et les neurosciences » and «
Dantec et Narby : Sciences, épistémologie et fiction ».
La poésie scientifique, de la gloire au déclin
COLLOQUE
Le 28 août 2010
La poésie scientifique, qui chantait les savoirs et les découvertes,
connaît un apogée de la fin des Lumières au début du 19e siècle, puis
s'étiole pour disparaître vers 1900. Ce phénomène, qui a touché
l'ensemble de la culture occidentale, ne correspond pas seulement à la
mort d'un genre littéraire majeur et très ancien ; il éclaire la
manière dont la littérature et les sciences ont reconfiguré leurs
frontières respectives, en acquérant leur extension moderne. Or les
modalités de cette disparition restent mal connues : ce colloque
international réunira pour la première fois une quarantaine de
spécialistes de la poésie et des sciences, pour tenter de mieux cerner
les facteurs de cette évolution et sa chronologie, en France et en
Europe plus particulièrement.
Du 15 septembre 2010 au 17 septembre 2010
Montréal
COLLOQUE INTERNATIONAL
LA POÉSIE SCIENTIFIQUE DE LA GLOIRE AU DECLIN
THE GLORY AND FALL OF SCIENTIFIC POETRY
1750-2000
Direction scientifique : Hugues Marchal (Université de la Sorbonne
nouvelle - Paris 3) et Michel Pierssens (Université de Montréal)
Organisation : Mélanie Fournier (Université de Montréal) et Magali
Riva (Université de Montréal)
RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS
Marc Angenot (Université McGill) « La poésie du socialisme
scientifique » De 1881 à la Grande Guerre, dans la presse du mouvement
ouvrier français, dans les centaines de journaux, revues, brochures
qu'il a diffusées, le socialisme scientifique a été mis en poèmes
innombrables, stances au prolétaire, odes à la révolution, épopées de
la grève, tableaux de l'exploitation capitaliste… Toutes les formes
fixes d'une poésie hantée par le lyrisme hugolesque ont été mises au
service de la révolution par des versificateurs militants. Dans le
socialisme scientifique de la deuxième internationale, le vers
pullule. Il y a au moins une bonne raison pour aller lire un
échantillonnage de ces milliers de poèmes : nul ne les a jamais
étudiés, nul ne s'est jamais posé la question de leur raison d'être et
de leur nature.
Christine Baron (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Poésie
savante et théorie de l'analogie » La poésie savante est une tradition
ancienne dans la littérature italienne et lorsque Calvino réécrit à sa
manière dans les Cosmicomics les chants de la Petite cosmogonie
portative de Queneau, il prend appui sur des théories de la matière et
de l'origine du monde rendues explicites par la référence à des
formules physiques au début de chaque nouvelle. Plus profondément,
l'idée que la littérature et particulièrement la poésie comporte une
dimension cognitive est moins liée à ce que Hallyn appelle les «
structures rhétoriques de la science » qu'à la présupposition d'une
analogie entre les règles de la nomination et celles qui gouvernent
l'agrégation des atomes. Cette analogie, qui n'a rien d'une
ressemblance, suppose, contre toute thèse confusionniste, la
différence maximale des discours poétique et scientifique, et le
pouvoir qu'ils ont, de ce fait, de se modéliser réciproquement. Cette
proposition permettrait ainsi d'échapper aux mauvais procès intentés
au cours du XXe siècle aux prétentions scientifiques imputées à la
littérature.
Caroline Bertonèche (Université Stendhal - Grenoble 3) « Bloody Poetry
: On the Role of Medicine in John Keats's Anatomy of Art »This
presentation would reflect on the new perceptions of the mind and body
in Keats's art or the influential role of medical knowledge during his
time, including the rise of surgery (1800-1830 ; Anatomy act in 1832).
Keats, the apothecary-surgeon develops an anatomical conception of
poetry, choosing to dissect his characters while preserving their
spirits. The poet-healer and dresser is here inspired by a medicine of
"conservation" : treatments such as incisions, injections, dressings,
"venesection", and so forth. Hence our poet's bloody narrative, his
scenes of exhumation, decapitation and aesthetic reconstructions in an
art of skulls and corpses. Exploring the living world, this
poet-physician offers his reader a realistic medical vision of
scientific "disinterestedness". A medical student of the barbaric
approach to dissection (cf. the "butcher" of Guy's Hospital, 1815),
the young Romantic poet innovates with a modernisation or
"medicalisation" of medieval romances as well as with scenes of poetic
and corporeal resurrections. The crude verses of the poet-anatomist
are those of a physician who has learnt his lesson well and is now
hoping to repair the monstrosity or grotesqueness of Romantic bodies.
Jean-Pierre Bobillot (Université Stendhal - Grenoble 3) « René Ghil :
altruisme & Poésie scientifique » La question de l'altruisme s'était
posée en des termes nouveaux, avec les mutations sociales et morales
résultant de l'industrialisation et de l'urbanisation accélérées de
l'Europe occidentale, et les interrogations philosophiques et
épistémologiques découlant de la laïcisation de la société et des
moeurs sous la IIIe République, comme de l'irruption de la théorie de
la « sélection naturelle » et de la « concurrence vitale » de Darwin,
aussitôt dévoyée sous l'inquiétante bannière de l'eugénisme (Galton)
ou au service d'un capitalisme sauvage, rejetant tout secours aux plus
faibles (Spencer). Ghil tente d'y répondre, sur le plan de la morale
sociale autant qu'individuelle, à partir de sa propre conception de la
matière en évolution vers le « Mieux », c'est-à-dire, vers un «
plus-de-conscience », ce qui le conduit (imprudemment) à rejeter deux
articles fondamentaux du darwinisme : la part du hasard dans la
variation, et le rôle crucial de la « lutte pour la survie » comme
moteur de l'évolution.
David Boucher (Collège de Maisonneuve) « Cent mille milliards de
poèmes : avatar de la poésiescientifique ? » Cent mille milliards de
poèmes, le tout premier livre oulipien publié en 1961 par Raymond
Queneau, est un recueil de poésie qui contraste avec la production
littéraire de l'époque de par son caractère essentiellement
mathématique. L'objectif de cette communication sera de voir comment
Cent mille milliards de poèmes relance la tradition pure de la poésie
scientifique : alors que cette dernière se voulait didactique et
prenait la forme de longs traités, Queneau a usé d'une écriture
surréalisante et illisible à l'échelle humaine. Alors que la poésie
scientifique tentait « d'expliquer » ou de « raconter » la science,
Cent mille milliards de poèmes s'inscrit plutôt dans un « faire », car
il annonce et invente – avant la lettre – les nouvelles configurations
du texte, autant que certaines nouvelles avenues de la science. Sorte
de figure prémonitoire d'Internet, cette oeuvre anticipe diverses
pratiques textuelles liées aux nouvelles technologies – l'hyperlien et
la navigation libre de l'information – et différents enjeux
scientifiques actuels, dont la question du virtuel.
Jean-Pascal Boulet (Université de Nancy 2 – Laval) « Une dérive
pamphlétaire athéiste de la poésie scientifique : le Lucrèce français
(1798) de Sylvain Maréchal (1750-1803) »
Avec Lucrèce et son « miel », la poésie didactique, porte en elle les
éléments de constitution d'un outil de propagande. Les vers séduisent
et aident à l'entendement. Le fameux texte de Sylvain Maréchal, le
Lucrèce français publié en l'an VI de la République complète Dieu et
les prêtres, fragments d'un poème philosophique paru en l'an II.
Cependant dès 1781, l'auteur avait donné quelques fragments sous le
titre Ad majorem gloriam virtutis, fragmens d'un poëme moral sur Dieu.
Avec ces constructions athéistes en vers proches des maximes, Sylvain
Maréchal aurait composé son De rerum natura. Le genre, ou la forme, de
la poésie scientifique adopte une nouvelle finalité ; il ne s'agit
plus de convaincre le lecteur par l'explication et/ou la peinture
poétique, mais de lui imposer des « psaumes » où la vertu est
l'étendard d'un argumentaire anticlérical athéiste.
Jean-François Chassay (Université du Québec à Montréal) « Un spectre
menaçant : Los Alamos et la poésie de la bombe nucléaire » Peu de
sujets auront été aussi prégnants dans l'imaginaire de la deuxième
moitié du XXe siècle que la bombe nucléaire. Les bombardements à
Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, auront été le point de
départ de manifestations qui ont embrassé l'ensemble du discours
social sous les formes les plus diverses. Cette communication
s'intéressera à la manière dont la poésie a cherché à traduire les
craintes et les tensions provoquées par l'arme nucléaire. De poèmes
sur Robert Oppenheimer et Albert Einstein au rôle joué par la Beat
Generation (Ginsberg, Corso), en passant par ceux du physicien Ben
Porter (qui a abandonné la physique à cause de l'explosion de la
bombe), les exemples sont nombreux et il s'agira de proposer une ou
deux analyses singulières après avoir présenté brièvement un survol du
sujet.
Philippe Chométy (Université de Toulouse II-Le Mirail) « La poésie
scientifique latine tardive » Au XVIIe siècle, il existe en latin une
avalanche de poèmes didactiques sur les sujets les plus divers. Qu'en
est-il à la fin de l'âge classique et au tournant des Lumières ? Je
propose d'étudier la survie de la poésie scientifique en latin, et
d'évaluer son apport intellectuel et formel à la gloire et au déclin
du genre. Après la Querelle des Anciens et des Modernes, comment
justifier l'emploi du vers latin dans la poésie scientifique ? Quel
est le rôle de l'arrangement des mots en latin dans l'expression des
idées scientifiques nouvelles ? Cette poésie scientifique
s'étiole-t-elle au même rythme que le reste de la poésie scientifique
? Quelle est la place de la traduction en français ? Il s'agira de
mener une enquête sur l'existence d'une production transnationale,
d'en présenter les figures majeures, et de réfléchir sur les outils
conceptuels nécessaires à l'analyse de ce type de textes.
Jean-François Cottier (Université de Montréal) « Entre poésie et prose
: les Noces de Philologie et Mercure de Martianus Capella » Somme des
connaissances littéraires et scientifiques de son temps (Ve siècle
après J.-C.), le De nuptiis Philologiæ et Mercuri de Martianus Capella
mêle développements en prose et passages poétiques dans un ouvrage qui
se présente comme une sorte de récit mythologique au style chamarré.
En faisant alterner avec virtuosité prose d'art et poésie métrique
(quinze types de mètres différents) Martianus joue bien sûr avec la
licence que lui accorde la satire Ménippée. Dans le cadre de ce
colloque consacré à la poésie scientifique, la lecture de cette oeuvre
nous permettra de nous interroger sur les choix génériques posés par
Capella : quels sont les passages où les vers sont préférés à la
prose, quels mètres sont alors privilégiés, pour quel type d'exposé et
sur la base de quelle tradition ? La grande influence de ce texte sur
les auteurs du Moyen Âge nous permettra, en conclusion, de lancer
quelques pistes de réflexion sur laquestion du choix de la poésie dans
la production scientifique médiévale.
Laurence Dahan-Gaida (Université de Franche-Comté) « Le ''corps'' des
sciences et le ''cerveau'' de la poésie : quelques réflexions sur
Botho Strauss et Durs Grünbein » Durs Grünbein et Botho Strauss
incarnent deux figures modernes du poeta doctus, qui cherche à fondre
ensemble tradition poétique et actualité scientifique. Si Strauss est
fasciné par les neurosciences et le fonctionnement du cerveau, Durs
Grünbein se présente comme un poète du corps, passionné par la
physiologie : quel chemin conduit des nageoires des poissons à la
comédie humaine, de la prose rythmée à l'évagination du cerveau dans
le nerf facial ? Ces étranges questions, qui hantent son écriture, ne
visent pas à ramener l'âme au corps et le corps à la physiologie, bien
au contraire ! Car Galilée, comme il nous le rappelle, arpente l'enfer
de Dante et n'en retient que les dimensions. Les deux auteurs
affirment la primauté créatrice de la poésie, dont la vocation n'est
pas de transmettre le savoir mais de le transformer en poesia seriosa.
Caroline De Mulder (Université de Namur) « La poésie scientifique et
ses combats au XIXe siècle » La poésie scientifique au XIXe siècle est
très idéologique et les idéologies (républicanisme, socialisme,
athéisme…) qu'elle véhicule transparaissent tant dans les poèmes
eux-mêmes que dans les préfaces des recueils. Ainsi, à côté d'attaques
directes contre la religion, on note qu'à mesure que le siècle avance,
les poètes illustrent volontiers des sciences et des théories
scientifiques condamnées par l'Église, généralement considérée comme
ennemie des sciences : notamment le darwinisme et les théories
relatives au début et à la fin du monde. Cependant beaucoup de ces
poètes justifient leur poésie par d'habiles préfaces, qui peuvent le
cas échéant affirmer le caractère religieux de l'oeuvre. L'ambiguïté
des recueils et des péritextes mérite un examen approfondi : quels
sont les moyens rhétoriques/textuels par lesquels le poète exprime ses
idées et comment évoluent-ils ?
Jean Dhombres (Centre Koyré) « Les Éclipses de Boscovich : poème et
jalon de l'histoire des sciences »Jésuite, astronome, philosophe et
mathématicien originaire de Raguse, Roger Boscovich (1711-1787)
apporta d'importantes contributions à l'astronomie notamment par la
mesure du méridien, à l'étude de la structure de la matière en
inventant une loi complexe d'attraction et de répulsion des corps, et
au concept d'infini qu'il liait à la continuité. L'histoire des
sciences l'a retenu comme l'un des jalons rattachant la physique
newtonienne aux travaux de Faraday et Kelvin. Ce cosmopolite, membre
de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, de la Royal Society
et enfin Directeur d'optique de la Marine à Paris, employa le latin
dans toute son oeuvre scientifique, et signa également un long poème
sur les éclipses, le De Solis ac lunae defectibus, publié à Londres en
1760, et traduit en français en 1779, avec une dédicace au Roi de
France et une approbation enthousiaste par Lalande. C'est sur ce très
beau texte que portera l'intervention. Quelles ressources la poésie
offre-t-elle à un savant de la République des Lettres, aussi
surprenant qu'un jésuite partisan du mécanisme ? À quelles stratégies
de communication et de promotion l'usage du poème a-t-il pu répondre ?
Dans quelle sensibilité savante s'inscrit l'expression de ce lyrisme,
et quels pourraient être les successeurs ?
Alessandro De Francesco (ENS Lyon) « Éviter l'obstacle cognitif :
changements de paradigme et écriture augmentée » Dans cette
communication je souhaiterais partager certains enjeux théoriques qui
sous-tendent mon expérience de création, à partir de l'hypothèse que
la poésie pourrait être conçue comme une modalité de changement
continu de paradigme épistémologique afin de faire comme si c'était
possible d'éviter ce que j'appellerai « obstacle cognitif », à savoir
le contexte de connaissance imposé par les caractéristiques
perceptives du corps et du cerveau humains. Il sera question, au
départ, de réalités virtuelles et d'imaginaire biotechnologique à
travers l'installation sonore o.m. (2005) et le livre Lo spostamento
degli oggetti (2008). Par la suite, j'esquisserai les procédures non
linéaires de réécriture poétique d'articles de biologie marine sur les
créatures des abysses qui ont produit l'e-book trilingue dès 1000m
(2009). Mais la plupart de ma communication sera consacrée à la notion
d'« écriture augmentée », que j'ai développée grâce à plusieurs
expériences d'élaboration numérique de la voix et du texte.
Cosmin Dina (Université de Montréal) « Astronomie et poésie didactique
en France. Enquête sur la disparition du genre » Au XIXe siècle, en
France, la poésie didactique descriptive se charge d'exposer et de
diffuser les nouvelles connaissances astronomiques. Les auteurs de
cette poésie croient que l'ancienne rhétorique et les fictions
mythiques puissent encore servir à l'enseignement de la science
céleste. Dans les faits, les vers ne suffisent pas. Puisqu'une des
visées des didactiques est de rendre compte de l'exactitude des
connaissances scientifiques, les poètes accordent une place
considérable à un complexe appareil d'annotation (statistiques et
tableaux, citations d'ouvrages savants et explications en prose
proposées par le poète lui-même). L'Astronomie (1830) de Pierre Daru
est un exemple intéressant de cette manière novatrice de vulgariser
l'astronomie. L'ouvrage occupe une position médiane entre l'usage du
vers et des procédés de style surannés et l'usage prédominant de la
prose et des illustrations dans les revues d'astronomie de la deuxième
moitié du siècle.
Bénédicte Élie (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Découvertes
scientifiques et renouvellement poétique ou l'épopée ressuscitée par
la science » La poésie ne sera plus épique ; l'homme a trop vécu, trop
réfléchi pour se laisser amuser, intéresser par les longs récits de
l'épopée, et l'expérience a détruit sa foi aux merveilles dont le
poème épique enchantait sa crédulité. Condamnant l'épopée pour son
inadéquation au monde moderne, Lamartine annonce toutefois son
renouveau quelques lignes plus loin, « La poésie sera de la raison
chantée, voilà sa destinée pour longtemps ». Ainsi la science, loin «
d'être mortelle à la poésie » apparaît comme un des facteurs de son
renouveau. « L'homme ne chantera plus avec l'imagination seulement,
mais avec la science, le poème de la nature. » Les poètes entendent
faire entrer la révolution contemporaine de l'histoire naturelle dans
le domaine de la poésie, ressuscitant ainsi le genre moribond de
l'épopée.
Laurent Folliot (École normale supérieure) « "We must bewilder
ourselves, whenever we would pierce into the Adyta of Causation" : Les
ressorts du monde dans la poésie de jeunesse de Coleridge » Si
Coleridge n'écrivit pas de poésie scientifique à proprement parler,
les ébauches épiques de sa jeunesse (Religious Musings et The Destiny
of Nations) s'efforcent de rénover la vieille « machinerie allégorique
» en s'appuyant sur la philosophie et la science de son temps
(Hartley, Priestley, Darwin). La poésie coleridgienne gravite alors
vers l'intuition de « myriades » de « monades » faisant oeuvre
providentielle au sein de l'univers. Mais Coleridge s'éloigne
rapidement de ce déterminisme optimiste, par une critique du
matérialisme qui est aussi une critique de l'idolâtrie des causes
secondaires, et donc de la tendance allégorique à vouloir figurer la
causalité elle-même : rejet de la machine allégorique qui apparaît
ainsi comme un moment significatif du « divorce » entre science et
poésie.
Mélanie Fournier (Université de Montréal) « Une vérité poétique sous
observation : les Histoires naturelles du Nouveau Monde de Pierre
Morency » Cette communication s'interroge sur la capacité qu'à la
prose à rendre compte du réel et à élaborer une connaissance, au même
titre que la science, par la forme équivalente d'une reformulation de
l'expérience empirique. En effet, si le langage technique,
mathématique et le raisonnement expérimental se rapprochent davantage
de la notion de vérité admise dans le parler scientifique, il apparaît
que chez Morency, la dimension ontologique du rapport à la nature
supporte aussi une connaissance du monde. Les Histoires naturelles du
Nouveau Monde, sont en constante relation dialectique entre les
savoirs livresques et l'expérience perceptive du signe. Les textes
seront donc envisagés en rapport avec la tradition des histoires
naturelles et d'autres importants naturalistes du XVIIIe et XIXe
siècle, notamment Buffon, Linné et Jules Renard. Nous verrons comment
le rapport au monde s'est modifié. Puis, de quelle façon Pierre
Morency revendique une mémoire, fondée sur les savoirs antérieurs et
les pratiques d'écriture des naturalistes nommés, tout en ajoutant à
ces connaissances livresques la subjectivité de l'expérience
anecdotique et de l'observation.
Andreas Gipper (Université de Mayence) « Les odes de Giuseppe Parini
et la poésie scientifique au siècle des lumières en Italie »
Giuseppe Parini, l'auteur du poème épique Il Giorno et figure de proue
des lumières italiennes est également l'auteur d'un certain nombre
d'odes qui s'inspirent du discours scientifique contemporain. Dans ses
textes sur La salubrità dell'aria (1759/60) et Sull'innesto del vaiolo
(1765) il réussit à créer un langage poétique original unissant
l'élévation de l'ode à la sobriété de la vulgarisation scientifique.
C'est ainsi que les odes de Parini s'insèrent dans un large débat sur
l'amélioration de la condition de vie des couches populaires dans
l'Italie septentrionale et sur l'Inoculation, débat soutenu en même
temps par le cercle autour de Pietro Verri et il journal milanais du
Caffè. La présente contribution s'efforcera d'esquisser la formation
de cette nouvelle littérature en tenant compte également des
productions moins connues mais tout aussi significatives d'auteurs
comme Carlo Innocenzo Frugoni et Carlo Castone Della Torre di
Rezzonico.
Laurence Guellec (Université Paris Descartes-IUF) « Poésie
scientifique, rhétorique épistémique et argumentation publicitaire
(XIXe-XXe siècles) » A propos des expériences radiophoniques de Robert
Desnos, un contemporain écrivait : « Robert Desnos n'était rien moins
que technicien, mais il possédait à un degré étonnant cette
merveilleuse faculté commune à tant de vrais poètes de pouvoir adhérer
sans effort et comme en se jouant aux disciplines scientifiques les
plus hautes et d'en pressentir d'instinct tous les 'possibles'. ». Il
donnait entre autres exemples de ce « génie » qui sait « infléchir la
technique dans le sens de la poésie » les émissions de Desnos pour la
radio, et ses slogans publicitaires. Dans le cadre d'une recherche sur
les relations ici concertées, ailleurs concurrentielles,
conflictuelles ou simplement ludiques entre littérature et publicité –
qui devient progressivement, au XIXe siècle, une des productions
majeures de la communication sociale –, on étudiera à partir d'un
corpus de poèmes « annonces » et de prospectus « poétiques »
(médecine, pharmacie, cosmétique, grands magasins, inventions-produits
de la modernité industrielle) les modes d'interaction entre langage
savant, langage technique, langage poétique et langages du commerce.
Waka Ishikura (Université de Hyogo) « The Romantic Vision of the Unity
of Science and Poetry and the Institutionalization of Science in
England » This paper explores the Romantic vision of the unity of
science and poetry, and examines the repressive influence of the
institutionalization of science in England on the development of that
vision among Romantic authors. There are many references to the mutual
relationship between science and poetry in the literary criticism of
Wordsworth and Coleridge. After the period during which scientific
studies came to be institutionalized around the 1810s, however, the
ideal vision of associating science with poetry had blurred. The
social power of scientific institutionalization thus began exerting a
stifling influence on the Romantic development of ideas of the unity
of all human feelings and thoughts. My interests cover the case of
Keats, who completed his medical training under the 1815 Apothecaries
Act, and also that of Sir William Rowan Hamilton, an Irish
mathematician and a manifest proponent of correlating the scientific
and the poetic.
Adeline Johns-Putra (Université d'Exeter) « Blending Science with
Literature » : Eleanor Anne Porden, the Royal Institution, and the
Fate of Scientific Romance » My paper deals with Eleanor Anne Porden
(1795-1825) and her poem, The Veils (1815), a mix of Spenserian
romance and scientific detail. The paper explores how Porden's
precocious attendance at lectures at the Royal Institution inspired
her poem, looking particularly at the Institution's mission to make
science accessible to a wider public and at the dramatic and
imaginative appeal of its lectures. I focus, specifically, on the
Institution's gender dynamics : the inclusion of women in its
audiences and the controversy that this generated. Finally, I examine
the poem's contemporary reviews, which rejected the idea of scientific
romance and expressed unease over the Institution's populist and
feminine appeal. I hope to place Porden in a wider historical and
international context than that in which she has conventionally been
read, positing her poem and its reception as a revealing moment in the
evolution of scientific poetry.
Paul Harris (Loyola Marymount University) « Cosmic Epics : From
Science to Poetry » This presentation defines an emerging genre, the
cosmic epic, which compresses the history of the universe and life on
earth into one text. The genre as practiced now has become
increasingly popular as a form of science writing for general
audiences, but poets also are taking up the challenge of depicting the
creation and development of the cosmos. A survey of these writings
will be given, followed by analysis of poetic examples, with a focus
on the work of Ronald Johnson.
Sophie Laniel (Université de Lille 3) « Le rôle de la poésie
scientifique d'Erasmus Darwin dans le renouvellement des genres
poétiques à l'époque romantique » Dans Le Jardin botanique et Le
Temple de la Nature d'Erasmus Darwin (1731-1802), la langue poétique
participe pleinement de l'ambition herméneutique et heuristique de la
pensée scientifique. On étudiera l'empreinte décisive de ses traités
scientifiques en vers sur les genres poétiques qui viennent les
supplanter, et notamment son impact sur le traitement de l'épopée et
de la pastorale, qui connaissent une renaissance à l'époque
romantique. Le Livre de Thel de William Blake (1790), « La Sensitive »
(1819) de Percy B. Shelley et « Ode à Psyché » (1819) de John Keats,
développent une pastorale cruelle, où l'Arcadie se transforme en un
Jardin des Délices. Elle se mêle à l'épithalame et à l'épopée pour
révéler un monde naturel fondé sur la reproduction, la survie et les
guerres constantes entre espèces. Dans ces oeuvres demeure la
conviction initiée par Erasmus Darwin selon laquelle la poésie est le
lieu de l'émergence d'une connaissance indissociable de ses modes de
transmission textuelle.
Karim Larose (Université de Montréal) « La poésie et le mouvant :
Bergson dans l'oeuvre de Gilles Hénault » S'appuyant sur une lecture
de « L'Invention de la roue » (1939-1940), premier poème long de
Gilles Hénault (1920-1996), cette communication portera sur les
conditions de l'inscription du référent scientifique dans l'oeuvre de
cet important poète québécois. On s'intéressera plus spécifiquement à
l'influence qu'a pu avoir la philosophie d'Henri Bergson — elle-même
en dialogue constant avec la science de son époque — sur l'évolution
de la pensée d'Hénault à un moment crucial de son développement, soit
entre les années 1940 et les années 1960. S'il y a bel et bien eu un
âge d'or de la poésie didactique au Canada français, le sous-genre de
la poésie scientifique n'a pas, quant à lui, laissé de traces
significatives, à quelques exceptions près. La critique que fait
Bergson du positivisme scientifique, connue des premiers poètes qui au
Québec attribueront à la modernité une valeur esthétique spécifique,
n'y est sans doute pas étrangère.
Pierre Laszlo (École Polytechnique – Université de Liège) « Le chant
du styrène » Ce texte en alexandrins, de Raymond Queneau, accompagne
les images dans un film d'Alain Resnais commandé par Péchiney. Cette
résurgence, ironique et amusée, du poème scientifique, sera replacée
dans son contexte, celui de la Guerre d'Algérie, du Manifeste des 121
(1960), et des intellectuels parisiens de gauche ; ainsi que dans
l'évolution personnelle de Raymond Queneau, qui, à partir de 1954,
dirigea l'Encyclopédie de la Pléiade. Comme la "Lettre de Sibérie" de
Chris Marker, ce poème date de 1957. Je procéderai à une analyse
comparative de ces deux commentaires et de la voix qu'ils donnent à
entendre. Ils sont contemporains des Mythologies de Roland Barthes
(1952-6), des sketches radiophoniques de Roland Dubillard et Philippe
de Chérisey (1953), ou encore de leurs contemporains Pierre Dac et
Francis Blanche. Ma présentation commentera ces versions d'une même
attention aux choses, poétique et non dénuée de loufoque, dans la
veine du Parti-Pris de Francis Ponge.
Julia List (Université de Melbourne) « Women's Writing and the
Nineteenth-Century Afterlife of the English Didactic Poem » There is a
consensus among scholars of the didactic poem in English that the
genre died as a cultural force sometime in the late 1700s. A closer
examination of verse published in this period, however, reveals that
didactic poetry persisted as a popular genre into the early decades of
the nineteenth century, particularly on topics related to natural
history such as botany. This paper argues that the presence of a rich
tradition of women's scientific writing in verse in the early decades
of the nineteenth century suggests that didactic poetry remained a
vital form for much longer than has been previously thought, and that
the genre suffered a slow decline and transformation into other
related forms. The strong presence of female writers within this
tradition also suggests that women were negotiating the increasing
restrictions institutionalisation of science placed on their
participation in a wide variety of ways, that included drawing on
traditional religious and moral sources of authority as a way of
maintaining their stature as educators.
Muriel Louâpre (Université Paris Descartes - Paris 5) « Le rapport
d'autopsie : tableau statistique de la poésie scientifique en France
(1792-1939) » Écrire de la poésie scientifique en 1830 ou 1917, c'est
inscrire un projet individuel (artistique ou social) dans une
configuration culturelle dont les caractéristiques, les formes et les
enjeux évoluent au cours du siècle. Au-delà d'une lecture spécifique
des oeuvres, respectueuse de leurs ambitions et de leurs qualités
respectives, une lecture macroscopique est possible, visant à dégager
des configurations typiques, et leur évolution d'un point de vue
diachronique. On s'inspirera ici de l'usage fait par Franco Moretti
des logiciels de visualisation utilisés dans d'autres sciences
humaines. D'une carte des lieux de publication peuvent ainsi surgir,
dans un second temps, des observations nouvelles, et autant de
questions affinant notre compréhension. Au-delà des trajectoires
individuelles, c'est aussi l'abandon de ce type de pratiques que
permettra de dessiner la mise en figure de la base de données
constituée par l'équipe Euterpe tout en fournissant des éléments
susceptibles d'être intégrés à une histoire plus large, et riche
d'enjeux actuels, celle de la vulgarisation scientifique.
Jean-Pierre Luminet (Observatoire De Paris – CNRS) « Renaissance de la
poésie scientifique, 1950-2010 » En 1950, Francis Ponge publie Texte
sur l'électricité, véritable Manifeste en faveur d'une renaissance de
la poésie scientifique. Pour lui, de nouvelles déesses nommées
Année-Lumière, Onde ou Énergie sont nées de l'ingéniosité humaine ;
génératrices de vertige, elles indiquent au poète de nouveaux champs
d'exploration. Nombre de poètes ont répondu, chacun à leur façon, à
l'injonction de Ponge : Queneau avec sa Petite Cosmogonie Portative,
Dobzynski avec son Opéra de l'Espace, Réda avec sa Physique amusante,
et bien d'autres de moindre renom. En effet, si l'attraction
universelle ou la nébuleuse primitive ont jadis inspiré les « poètes
scientifiques », aujourd'hui ce sont le big bang, les trous noirs, la
conquête spatiale ou la théorie des cordes qui ouvrent de nouveaux
champs poétiques. Le poète vit à l'écoute de son temps. A l'instar du
scientifique, il est l'inventeur incessant d'un nouveau dire,
cherchant de nouvelles figures, non pas écrites dans la formulation
abstraite des mathématiques, mais dans celles des mots. Le poète est
un « risqueur du dire ». Il ne peut donc être indifférent aux
risqueurs de la connaissance que sont les chercheurs.
Hugues Marchal (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) « Anthologies
invisibles : la poésie en revue dans Nature, Science et La Nature
(1870-1900) » La disparition du poème scientifique semble largement
consommée à la fin du 19e siècle. Pourtant, l'examen des périodiques
qui se développent avec succès pour diffuser les découvertes savantes,
en Angleterre (Nature), en France (La Nature) et aux Etats-Unis
(Science), montre que l'intrication entre poésie et science y reste
importante. Des vers, contemporains ou anciens, sont fréquemment cités
et commentés. Leur statut est divers : ils ornent les discours, sont
exploités comme des sources pour l'histoire des sciences, suscitent
éloge ou dérision. Quelles informations ce corpus peut-il offrir sur
les usages et les représentations de la poésie qui apparaissent dans
le discours savant ? Et quelles différences montre-t-il entre les
lignes éditoriales de ces publications, et entre les attentes
supposées des publics nationaux ?
Michel Pierssens (Université de Montréal) « La prose des savoirs et le
Poème du monde » L'ivresse du savoir sur le monde a longtemps exigé le
chant et la mesure du vers pour mettre en discours une vision qui
voulait ennoblir le prosaïsme spontané de la connaissance
scientifique. La tentation existe pourtant aussi d'un lyrisme en prose
qui saurait éviter le placage de formules sentant la métromanie et
pourrait élever la célébration discursive de la connaissance à la
hauteur du poème en inventant un dire unissant les incompossibles.
Peut-être est-ce même ce qui caractérise au fond la modernité poétique
marquée par la leçon de Mallarmé. C'est ce que nous tenterons de
vérifier par la lecture de quelques oeuvres de poètes du XXe siècle.
Pierre Popovic (Université de Montréal) « Les vélocipoètes (1860-1900)
» Toute apparition d'une nouveauté technique suscite d'étonnants
bouillonnements d'idées et de représentations dans l'imaginaire social
d'une société donnée. Des récits, des prouesses poétiques, des rituels
publics, des traités raisonnants, des images surgissent dans l'espace
public, recyclant ou bousculant d'anciens dispositifs langagiers pour
les plier à l'événement du jour. L'arrivée de la bicyclette dans la
société française de la seconde moitié du XIXe siècle a constitué l'un
de ces catalyseurs d'imaginaire. La communication portera sur des
poèmes écrits entre 1860 et 1900, signés par Aristide Bruant,
Banville, Gagne, Mallarmé, Davin de Champclos, Pierre Louÿs, etc. On
mettra en évidence la façon dont l'écriture poétique donne sens à la
nouveauté technique, usant d'une « théorie du vélocipède » qui
conjoint mathématiques et physique mécanique, pour la corréler à des
méditations métaphysiques, à l'humour mondain, à maints rêves d'envol,
aux jeux érotiques.
Virginie Pouzet-Duzer (Pomona College) « Les équations poétisées du
surréalisme » Étant donné que les surréalistes ont souhaité parvenir à
révéler poétiquement l'échec de la raison, ne leur fallait-il pas
occulter la logique scientifique ? Paradoxalement, certains
détournements mis en oeuvre par des poètes tels qu'André Breton,
Benjamin Péret, Robert Desnos ou René Crevel, montrent que ces
derniers préférèrent la science à l'analogie. Ainsi les équations
peuvent-elles faire office de vers, conférant aux mathématiques une
dimension poétique ?
Magali Riva (Université de Montréal) « Ponge ou la science poétique »
Le 20e siècle a donné à voir un certain bouleversement dans les
rapports qu'entretiennent la science et la poésie : si, jusque-là, les
poètes écrivaient surtout à propos de la science, certains d'entre eux
écrivent dorénavant à partir d'elle, empruntant ses méthodes, ses
approches. La figure de Francis Ponge est assurément emblématique de
ce tournant pris par la poésie scientifique : en s'appropriant les
méthodes de recherche scientifique et en concevant une littérature
"objective", Ponge interroge les rapports entre les deux domaines, et
tente d'instaurer une nouvelle forme de poésie, qui serait plus
logique qu'esthétique. Mais c'est surtout par sa réflexion sur le
langage que Ponge s'institue comme légataire de la poésie
scientifique. C'est en prenant pour objet la matière même de la poésie
- le langage - que Ponge démontre que la poésie constitue un mode
d'accès autonome au savoir. Et peut-être assure-t-il ainsi à la fois
la survivance et le renouvellement de la poésie scientifique.
Gisèle Séginger (Université de Paris-Est) « Louis Bouilhet et
Flaubert. L'invention d'une nouvelle poésie scientifique. » Ami de
Flaubert, Louis Bouilhet partageait quelques-unes de ses idées
esthétiques en particulier sa conception de l'art pour l'art, de
l'impersonnalité de l'écrivain. Pour les deux écrivains, la science
est un modèle esthétique à opposer au romantisme et à l'implication
des sentiments dans la poésie. Mais le retrait du moi personnel de
l'écrivain n'est pas incompatible avec la vision poétique, avec
l'émotion et une nouvelle forme de lyrisme. Des savoirs scientifiques,
les deux écrivains font surgir le spectacle poétique d'un monde qui
met en échec la volonté de savoir. Des Fossiles de Louis Bouilhet à
Bouvard et Pécuchet, il s'agira d'étudier les modalités d'une
réécriture des sciences naturelles dans la poésie et dans le roman. La
science fournit des images, un pittoresque, la scénographie d'un
spectacle onirique du monde qui tient du merveilleux et de la féerie
théâtrale. C'est peut-être un souffle romantique qui se réintroduit
finalement dans l'oeuvre des deux écrivains grâce aux sciences
naturelles.
Catriona Seth (Université de Nancy 2) « C'est la faute à Roucher… »
Les Mois comme chronique de l'échec annoncé de la poésie scientifique
» Très attendue, la parution à Paris, en 1779, des Mois de l'écrivain
montpelliérain Jean-Antoine Roucher a été accueillie par des réactions
déçues du public et, surtout, une critique sévère de certains hommes
de lettres comme La Harpe. La communication voudrait examiner cette
oeuvre essentielle qui vise à faire le lien entre poésie et sciences,
entre vers et prose. Il s'agit d'évoquer les raisons pour lesquelles
on peut y voir une étape essentielle dans la remise en question des
possibilités pour la poésie de prendre à bras le corps les évolutions
et enjeux des sciences.
Christophe Schinckus (Université du Québec à Montréal) « La poésie
d'Isidore Isou et la pensée scientifique. Vers une rationalisation de
la poésie » Cette communication analyse la manière dont Isidore Isou a
construit sa poésie lettriste en s'inspirant de la pensée
scientifique. Dans ses travaux, Isou mobilise en effet de nombreuses
catégories qui renvoient à celles souvent utilisées dans les sciences.
Le poète y souligne ainsi explicitement son souhait de construire une
« nouvelle géométrie » de la poésie, plus rationnelle et objective,
qui incarnerait une sorte de continuité « logique » de la poésie. Je
propose, d'une part, de souligner l'influence des grandes notions
traditionnelles en sciences (objectivité, rationalité, évolution) et,
d'autre part, de rapprocher la poésie lettriste de la géométrie
non-euclidienne, c'est-à-dire d'y voir un système langagier non
familier mais néanmoins très logique.
Richard Somerset (Université de Nancy 2) « Henry Knipe and the
Evolutionary Epic » Henry Knipe is a relatively obscure populariser of
evolutionary theory, and one of the few British authors, after Erasmus
Darwin, to have attempted to produce an 'evolutionary epic'in verse.
His Nebula to Man (1905) is a verse epic of over 200 pages that 'tells
the story of Life'over the ages. It is a large and beautiful book. A
few years subsequently, Knipe produced a similar work, but this time
in prose : Evolution in the Past (1912). This new account followed a
similar structure to the first, and some of the same illustrators
contributed engravings to it. So Knipe told 'the same story'in two
different forms, and this was no doubt an authorial strategy intended
to make the scientific material available to as wide an audience as
possible. Both of Knipe's books were failures as publications, and
neither made it to a second edition. Knipe had perhaps simply failed
to move with the times. The result of this strategy was to deprive one
product of scientific credibility and the other of poetic vision or
narrative coherence. In a period when popular natural history was
exploring the aesthetics of naturalism, Knipe's separation of the
sublime from the empirical turned out to be something of a marketing
error.
Joanna Stalnaker (Columbia University) « Le troisième âge de la
description : Buffon et Delille avant le déclin »Dans son discours de
réception à l'Académie française en 1818, le savant Georges Cuvier
esquisse une histoire de l'alliance intime et d'après lui promise à un
long avenir entre la science et les lettres. Son histoire comporte
trois âges, dont le dernier, qui n'est pas encore celui de la
vieillesse, appartient exclusivement aux modernes. Ce troisième âge
est celui de la description, et il a été ouvert d'après Cuvier par son
illustre prédécesseur en histoire naturelle, Georges Louis Leclerc de
Buffon, et par le poète qu'il avait assisté pour la notation
scientifique des Trois règnes de la nature, Jacques Delille. Dans
cette communication, je m'intéresserais au statut problématique de ce
troisième âge de la description, tel qu'il apparaît à la fois dans le
discours de Cuvier et dans les rapports entre la description
scientifique et poétique à l'époque de Buffon et de Delille. Tout en
promouvant une alliance étroite entre la science et la littérature, le
discours de Cuvier témoigne d'une scission au sein du concept même de
la description. Cette scission, qui est également perceptible dans les
oeuvres de Buffon et de Delille, constitue un épisode essentiel dans
l'histoire des rapports entre la science et la poésie, et devra nous
permettre de mieux comprendre la gloire éphémère du genre descriptif.
Nicolas Wanlin (Université d'Artois) « Pour une sociologie des poètes
scientifiques, de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle » Une étude
de la condition sociale des poètes scientifiques nous renseigne sur la
stratégie sociale que représente cette pratique poétique en crise : la
recherche d'un équilibre entre marginalisation et distinction dont la
complexité est encore accrue par le fait que le poète scientifique
occupe une position dans trois champs simultanément (littéraire,
pédagogique et scientifique) dont les valeurs et les histoires
diffèrent. Ces auteurs gèrent une image sociale de transition entre le
modèle aristocratique du précepteur et celui, démocratique, du
vulgarisateur. Il s'agit aussi pour eux de définir un public de
prendre des positions idéologiques et de répondre à une demande
sociale en se faisant une place entre la famille et les institutions
publiques.
Alexandre Wenger (Université de Genève) « Poésie et médecine au 19e
siècle. Les traductions françaises de Syphilis (1530) de Fracastor »
On peut parler de tradition médico-poétique au sujet de la syphilis
tant cette maladie, dès son apparition en Europe à la fin du XVe
siècle, a suscité de poèmes par lesquels médecins ou littérateurs
tentaient d'expliquer son étiologie. Le plus célèbre d'entre eux est
Syphilis, sive morbus gallicus (1530) du médecin véronais Jérôme
Fracastor. Or, au XIXe siècle, des médecins traduisent et annotent
encore régulièrement ce texte. Ils font ainsi oeuvre à la fois de
critique littéraire et de vénérologiste, et revendiquent une
solidarité formelle entre la poésie et la connaissance scientifique
apparemment en porte-à-faux avec la doctrine des deux cultures (Ch. P.
Snow). Les fonctions assignées à ces traductions annotées ainsi que
les raisons de leur permanence au siècle du positivisme scientifique
demandent à être clarifiées.
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Hervé-Pierre Lambert
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